Marine Vlahovic – Carnets de correspondante
« Comment tu veux raconter le monde, et surtout cette région, en une minute ? C’est impossible. »
Dans le podcast « Carnets de correspondante », la journaliste Marine Vlahovic fait le récit de trois ans en Cisjordanie, à Ramallah, entre checkpoints, manifestations, conditions de travail précaires et exigences des rédactions. Dans le deuxième épisode « Le temps c’est de l’info », elle revient sur trois contradictions qui alimentent son sentiment d’épuisement. Ce témoignage permet d’illustrer les paradoxes temporels sur le marché de l’information
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Attendre l’imprévu pour abreuver le marché de l’information : Marine dit de son quotidien qu’il est « plan-plan ». Elle décrit l’ennui et le questionnement qu’elle ressent, notamment lorsqu’elle doit assister à certains évènements en restant à l’affût d’informations suffisamment marquantes pour intéresser les médias occidentaux. Au moindre mouvement, il faut pouvoir se montrer disponible et être mobilisé.e, à tout moment et sur n’importe quelle thématique. Ainsi fonctionne l’actualité : les faits récents écrasent les plus anciens et les sujets peuvent être demandés ou annulés en dernière minute.
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Entre besoin de pauses et envie de mouvement : sur le terrain, elle est sans cesse en mouvement, en accéléré. Elle souffre du manque de sommeil et de vie personnelle, dont les conséquences se ressentent physiquement avec des otites et bronchites à répétition qui lui coûtent sa voix et son ouïe, ses deux outils de travail. Pourtant, difficile pour elle d’apprécier des temps de pause qui n’en sont finalement pas vraiment, car subis et forcés par l’attente de nouvelles ou les passages de checkpoints.
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Des sujets complexes traités dans des formats (trop) courts : correspondante pour la radio et la télévision, Marine Vlahovic doit produire des contenus très courts pour décrire une situation complexe : « Comment tu veux raconter le monde et surtout cette région en une minute ? C’est impossible. » Elle, qui ne se permet aucune erreur, s’agace de voir que ses sujets peuvent être mal interprétés par des journalistes qui comprennent mal la réalité du terrain. La conséquence de ce rythme effréné : « En trois ans sur place, j’ai produit près de 1000 éléments. Les sujets dont je suis fière[…] ils se comptent sur les doigts des deux mains.»
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