« La Civilisation du poisson rouge » – Bruno Patino
« Nous avons confié aux interfaces numériques notre ressource la plus précieuse : notre temps. »
Bruno Patino est un acteur des médias et de leur révolution numérique. Dans cet essai, il analyse l’impact des plateformes sur la vie en société et recherche la cause de la polarisation des citoyen·nes en micro communautés de plus en plus étanches. Celle-ci n’est pas liée à une problématique technologique mais économique. Le business model des plateformes est un modèle de l’attention utilisant la donnée pour nourrir les émotions instantanées.
- Les plateformes ont initialement créé leur « marché adressable » en étendant la journée au-delà de ses limites des 24 heures par les écrans. En 2018, les 24h d’un·e citoyen·ne américain·e durent 30 heures : 7h de sommeil, 6h55 de nourriture, ménage et de vie sociale, 5h13 de travail et 12h04 consacrées aux écrans et aux médias.
- Une fois le marché étendu, les plateformes se sont concurrencées pour préempter le temps individuel par l’addiction. Celle-ci a été générée par trois phénomènes : la tolérance (nécessité d’augmenter les doses), la compulsion (impossibilité de résister à son envie), et l’assuétude (ou la servitude). Cette bascule a été opérée volontairement par les plateformes : elle est le résultat de recherches (ex: Persuasive Technology lab de Stanford) sur les interfaces et les algorithmes qui déploient, comme les casinos, une servitude psychologique entièrement construite sur la dépendance qu’engendre la récompense aléatoire.
- La drogue de cette addiction est le contenu et son overdose le doute. Il faut sans cesse démultiplier les contenus pour alimenter la machine. Mais cette création hyper volumique a induit des contenus ne recherchant pas la vérité mais le choc émotionnel. Cette vérité approximative couplée à l’émotion induit le doute.
Découvrez ce traité ici (attention cette lecture nécessite plus que les 9 secondes de la mémoire du Poisson rouge!).