• la nuance comme moyen de lutter contre la binarité idéologique : Roland Barthes reproche au pouvoir médiatique d’écraser la nuance pour privilégier les logiques binaires : pour ou contre, ami ou ennemi. Le débat a ainsi été remplacé par le combat : nous avons besoin de savoir de quel côté est cellui qui s’exprime. La nuance permet au contraire l’équilibre des positions, évite tout totalitarisme et conserve la pluralité. “La multiplicité vivante des opinions doit rendre impossible la domination d’une vérité unique” Camus.
• la nuance comme acte de bravoure : être nuancé·e permet d’affronter ses contradictions et d’assumer ses limites. Aaron parle de “suprême courage de la mesure”. C’est d’ailleurs le propre même de l’essai. “Au sens propre essaie, tâtonne, tente quelque chose dont la force n’est pas de trancher mais d’arpenter ces territoires contrastés où la reconnaissance de nos incertitudes nourrit la recherche du vrai”.
• la nuance comme outil réflexif qui s’exprime de diverses façons : en utilisant l’humour comme le préconise Hannah Arendt car “l’humour est une prise de distance (…) qui fait vaciller les discours trop sûrs d’eux”; en restant muet “Parfois l’éthique de la mesure est une éthique du silence” (auteur); ou en assumant son point de vue tout en restant fair-play selon Orwell. La nuance implique une “intraitable bienveillance” pour faire droit au point de vue d’autrui et admettre qu’iel peut avoir raison.

Pour faire face au brouhaha des évidences et redécouvrir de grand·e·s écrivain·e·s, découvrez Le Courage de la nuance.