Penser en travaillant avec Simone Weil

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Les Chemins de la philosophie – Penser en travaillant avec Simone Weil

« Comment la hiérarchie au travail peut-elle être intelligente et permettre à chacun de penser ? »

Dans les années 30, la philosophe Simone Weil décide de mener une réflexion sur le travail et son organisation. Elle se demande comment la hiérarchie peut être intelligente. Pour ce faire, elle s’immerge dans le quotidien des ouvrières à l’usine en devenant l’une d’elles. Au micro de France Culture, Nadia Taïbi, Docteure en philosophie, nous éclaire sur la pensée de Simone Weil : comment concilier besoins de production et épanouissement des ouvriers ? Comment pouvons-nous transposer ce questionnement sur l’organisation managériale de l’usine à celle du bureau ?

  • Travailler la compréhension des rôles de chacun.e : chaque individu, dans une organisation, a un rôle prédéfini qui limite sa compréhension du réel. Pour pallier cela, Simone Weil préconise de former les ouvrièr.e.s pour qu’ils.elles comprennent leur contribution à l’entreprise. Une fois ce travail effectué, un effort de compréhension mutuelle est nécessaire entre ouvrier.e.s et contremaîtres, entre manager et managé.e.s : le manager doit se mettre à la place des personnes qu’il manage et inversement.

  • Parvenir à une coordination qui admet la réciprocité : Simone Weil catégorise la coordination en 3 stades : l’usine où l’ouvrier.e exécute les tâches demandées par le ou la contremaître sans coordination ; le bateau où la coordination est légèrement plus prononcée entre le ou la capitaine et les marins ; et enfin l’orchestre où la coordination est maximale. Dans un orchestre, chaque musicien.ne a conscience du travail des autres, de leurs différences et de ce qu’ils accomplissent ensemble. Le ou la chef.fe d’orchestre admet qu’il n’est rien sans les musiciens et reconnait donc la réciprocité du travail accompli.

  • Prendre le temps de se questionner : Simone Weil distingue la cadence du rythme : la cadence est un rythme ininterrompu imposé aux ouvrier.e.s alors que le rythme est une appropriation du temps par le sujet. A l’usine, les ouvrier.e.s subissent une cadence effrénée, qui ne leur permet pas de prendre le temps de réfléchir. Simone Weil note l’importance, pour les ouvrier.e.s, de s’arrêter et de prendre le temps de réfléchir pour questionner l’organisation managériale. Et le droit de grève en est l’illustration parfaite.

Pour vous immerger dans la pensée de Simone Weil, découvrez le podcast Les Chemins de la Philosophie ici.